Liste des récits - Voyageurs venus d'ailleurs
Arthur Young à Nimes
Récit lié : Voyageurs venus d'ailleurs
Si Arthur Young semble apprécier au cours de son voyage nos monuments romains et l’hôtellerie française, il ne goûte ni la compagnie des Nîmois ni l’architecture française du 18éme siècle. La façade de son Hôtel (le Louvre) est encore visible rue Notre Dame ; en piètre état elle est classée monument historique et semble promise à une rénovation lucrative. On notera que, déjà, se posait le problème du nettoyage du canal.
L’amphithéâtre de Nîmes est un ouvrage prodigieux, qui démontre avec combien d’habileté les Romains avaient adapté ces édifices aux usages abominables pour lesquels ils étaient élevés. La commodité d’un théâtre qui pouvait aisément contenir dix sept mille spectateurs ; la grandeur, la manière substantielle avec lequel il est bâti, sans mortier, et qui a résisté aux injures du temps et aux déprédations des barbares dans les différentes révolutions, tout cela attire nécessairement l’attention.
Je visitais la Maison quarrée hier au soir, ce matin encore, et deux fois outre cela dans le jour ; c’est sans comparaison le bâtiment le plus léger, le plus élégant et le plus agréable que j’ai encore vu. Sans avoir une grandeur imposante, sans avoir une magnificence extraordinaire pour créer la surprise, il fixe l’attention : il se trouve dans ses proportions une harmonie magique qui charme les yeux. On ne saurait trouver une partie particulière de beauté par excellence ; c’est un tout parfait de symétrie et de grâces. Quelle est l’infatuation des architectes modernes, qui méprisant la chaste et élégante simplicité du goût, qui est manifeste dans un pareil ouvrage, pour élever des amas de sottise et de pesanteur tels que ceux que l’on voit en France. Ce que l’on appelle le temple de Diane, les anciens bains avec leurs réparations modernes et la promenade, forment des parties de la même scène, et sont des décorations magnifiques de la ville. Par rapport aux bains, j’étais en malheur, car l’eau en était toute ôtée pour les nettoyer ainsi que les canaux. Mon quartier à Nîmes était au Louvre, auberge spacieuse, commode et excellente ;….Je dinais et soupais à table d’hôte ; le bon marché de ces tables s’accommode fort bien avec mes finances, et on y apprend quelques choses des mœurs du peuple….
Il faut que je fasse une remarque sur cette nombreuse table d’hôte, parce qu’elle m’a souvent frappée, c’est la taciturnité des Français, je m’attendais en entrant dans le royaume, à avoir les oreilles constamment rebattues par la volubilité et la vivacité de cette nation, dont tant de personnes ont écrit étant, je m’imagine au coin du feu en Angleterre…
A Nîmes aussi, quoi qu’il y ait à chaque repas une différente compagnie, c’est toujours la même chose ; aucun Français n’ouvre la bouche. Aujourd’hui à diner, désespérant de cette nation, et craignant de perdre un organe dont ils avaient si peu envie de se servir, je me mis à coté d’un espagnol, et ayant été depuis si peu de temps dans son pays, je le trouvais prêt à converser et assez communicatif ; mais nous parlâmes plus à nous deux que trente autres.
Voyage en France et en Italie 1787
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