Bien que certaines bandes de jeunes portaient un blouson noir comme signe distinctif, l'appellation collective est une invention de la presse. La vision qu'on en avait renvoyait au premier âge du rock'n'roll, aux tenues que pouvait arborer Elvis Presley ou Gene Vincent et surtout aux héros des films comme L'équipée sauvage (1953) ou Graines de violence (1955). Mais toutes les bandes n'arboraient pas ces blousons et toutes n'écoutaient pas du rock'n'roll. L'assimilation des jeunes aux blousons noirs et de ces derniers aux rockers est faite.

La presse et l'opinion différencient constamment dans la jeunesse une jeunesse délinquante et une autre de bonne famille. Le blouson marque cette différence dans le paysage urbain.

Les médias comme la radio et ses émissions ou la presse participent directement à la formation des groupes en leur donnant une existence au-delà de ce qu'ils en perçoivent et des signes distinctifs. Les médias font voir et entendre les individus ou groupes porteurs de ces signes comme faisant partie d'un plus grand groupe invisible. Ils permettent d'imaginer ce que personne n'a vu.

Et pourtant dans cette masse encore indistincte dont on s'affairait à préciser les contours qu'on appelle les Jeunes, on ne cherchait pas seulement à distinguer le bon grain de l'ivraie mais à critiquer la confusion qui s'opérait entre les garçons et les filles, mélange dangereux marqué par le terme copains employé indifféremment des genres. Goût commun pour la danse et la musique et rapprochement qu'il fallait surveiller. Le fait que les filles soient venues sans leurs parents, que devant l'affluence, elles aient été pressées contre les garçons posait problème.

Le blouson noir, du fait d'avoir d'avoir été transformé en emblème des voyous par la presse, sera aussi la cible des arrestations policières.