LARSENS

Histoires mouvementées du rock'n'roll

Alan Freed, transistor du rock’n’roll

Carte parente : Cleveland 21 mars 1952

Récit lié : Moondog Coronation Ball

On ne racontera pas que le DJ américain Alan Freed, qui propulsa sur les ondes le terme rock'n'roll, a "baptisé" le genre. Une étiquette ne fait pas un nom de baptême. Car, même minoritaire, cette musique portait déjà un nom. On parlait de rhythm'n'blues, entre autres, dans les classements de ventes de disques "réservés" au public afro-américain. Et rock'n'roll ne marque même pas une naissance puisque c'est le titre que se donnaient déjà de nombreuses chansons dans les années 30 – sans qu'elles soient pour autant, musicalement parlant, du même type que celles qui porteront ce nom vingt ans plus tard. Et c'est pourtant celui que l'on a retenu, commémorant ainsi sans toujours le savoir la formule balancée par un DJ. Qu'est-ce qu'on célèbre et qu'on décrie, alors, en utilisant cette expression ?

On honore beaucoup plus l'arrivée récente d'une nouvelle voix sur les ondes que la naissance d'une musique. Car c'est à peu près à cette époque qu'on date l'apparition du disc-jockey. Parmi les multiples annonceurs qui font de la publicité à l'antenne – une activité vite devenue indispensable pour émettre en continu – le DJ a cette particularité d'utiliser les disques comme moyen de promotion. Retournement mémorable. On n'invite plus seulement des orchestres dans les studios pour chanter les mérites d'une boisson ou d'un nouveau savon, la musique, dans ce disque qui passe, fait sa propre réclame. Et si le public alors apprécie, c'est toute la radio qu'on acclame.

Alan Freed s'est donc demandé quels disques passer pour augmenter l'audience de WJW, la radio qui lui a filé un créneau. Or son sponsor, qui vend des disques sur Prospect Avenue, lui raconte comment certains titres s'arrachent dans sa boutique comme des p'tits pains. Le DJ les passe donc à l'antenne. Et c'est probablement là, en écoutant des morceaux comme Rock Woogie, Rockin' The House, Rock and Rye, We're Gonna Rock, Rock Awhile, Rock and Roll, etc., titres qui se multiplient à la charnière des années 40 et 50, qu'il entend le retour en force de cette expression. En retenant ce nom, Freed n'invente rien mais il se met (et tous ses auditeurs avec) au diapason d'un changement de fréquence. Ni un prêtre, ni un génie, Alan Freed a fait ce qu'un DJ doit bien savoir faire : amplifier l'air du temps.

 

 

 

 

 

 

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