Apparu en Europe à la fin du XVIIIe siècle pour désigner un domaine scientifique, le terme « orientalisme » s’est ensuite imposé sur la scène artistique. […] La fascination de l’Occident pour l’Orient n’est assurément pas nouvelle, comme en témoigne l’histoire de Venise : dès les XIIe-XIIIe siècle, la cité maritime entretient des liens privilégiés avec Alexandrie, Le Caire ou Damas, traitant avec les sultans mamelouks puis avec les Ottomans. […] Mais au XIXe siècle, sous l’effet des événements politiques, du développement des voyages, les contacts avec le monde arabo-musulman stimulent une connaissance jusqu’alors souvent limitée à celle des Mille et une nuits. […] Les échos répétés de cette actualité développent au sein du milieu artistique l’urgence du « voyage d’Orient », dans le but de cueillir des sensations nouvelles mais aussi de préserver par le mot et le trait des civilisations menacées. […] L’approche de l’altérité, la confrontation avec d’autres horizons géographiques, la révélation de langages visuels inconnus ouvrent la voie à une perception différente de l’espace et du monde. Cette sensibilité nouvelle doit être abordée dans toute sa richesse plastique, la peinture jouant le premier rôle, sans oublier les autres manifestations artistiques qui se sont enrichies au contact de l’Orient. […] Elles ne peuvent être dissociées de l’expression littéraire, fondamentale – dans les récits de voyage, la poésie ou les œuvres romanesques. Dictionnaire culturel de l’Orientalisme, Christine Peltre, 2008.