Catherine Robert
Photos : Catherine Robert
Allier une cartographie à une posture
Inspirée par l’exposition Identité(s) Territorialité(s), j’émets l’hypothèse que la carte est là, où elle raconte ce que l’on écrit, avec un pinceau de lumière. Car s’entrelacent intentions et hasard. Car se répondent le regard posé et la pensée investigatrice. Car s’effacent les limites et le voisinage au profit d’un détail surgi. Et se lit une autre matière, entre la réalité, l’imaginaire et le symbolique.
La carte ne reproduit pas un inconscient fermé sur lui-même, elle le construit.
Mille Plateaux, G.Deleuze et F.Guattari, 1980
M. C. Escher le ruban de mobius 1963
Des mathématiques, je retiens le concept du ruban de Möbius dont la propriété est l’unilatéralité réalisée par la torsion sur elle-même d’une bande biface. Jacques Lacan s’y réfère en distinguant pour un signifiant, un réseau des significations conscientes et inconscientes. Je découpe le paysage comme un langage, en son identité visuelle et acoustique d’une part et son interprétation via les souvenirs, l’imaginaire et la mythologie qui sont miens.
Un territoire se présente vierge pour des aventuriers à l’autre bout de la Terre et des collectionneurs en leurs cabinets, puis muséums aux siècles passés, leurs passions me séduisent car ils traduisent un ailleurs et un ici, un « Autre » et un « je ». Dès que je suis en quête, éveillée au temps et à l’espace - même si j’y suis passée des centaines de fois. Il s’agit d’explorer. Le surgi, d’essence brève, découpe le temps en sa forme olfactive, sonore, visuelle...Les sens exacerbés par la découverte du monde paradoxalement éloignent du monde inquiétant, opérant un reflux vers les origines qui nous fondent.
Leur terra incognita et mon monde intérieur se superposent.
Partir en marche, déchiffrer ce qui advient, juxtaposer les images issues du passé ou fictionnelles, engendrer de ce fait une surréalité, compléter mon arborescence mentale par l’écriture, restituer une grille de lecture sur une carte toujours en chantier.
Avec lenteur, persévérance, silence, accueil du hasard et de l’irrationnel.
J’aime le dépaysement.
Technique de report, le poncif devient de routine.
Le rituel est aussi de cette nature mais en apprivoisant ce dernier à sa propre expérience, en récusant toute norme autoritaire, il est intéressant d’étudier les inévitables variations du banal et de les compiler. Dès lors, l’accent est mis sur le processus qui constitue une série.
Les premiers me précèdent et m’accompagnent dans la recherche de structure, dans la méthodologie de l’enquête sur le terrain, dans la restitution des multiples fragments accumulés. Ils aiment les dictionnaires et les encyclopédies.
Le suivant brasse tout en faisant voltiger la main, la noirceur et la splendeur, il se remue lui-même, traverse et restitue les sons, les mots, les couleurs, les traumas, les doubles voire triple vies, fasciné par les textures et les entrailles, inquiet et exalté.
Quant au rock, il est là depuis ma naissance,
il fait rire et pleurer, danser et se souvenir,
écrire et rêver.