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Topologie du surgi et de l'effacé

Chronique cartographiée en territoires figurés et poétiques

Le départ

Le pépiement des oiseaux, leurs allers et retours dans le néflier, le jet des mésanges, le vol plus lourd des étourneaux. Hier soir, elle somnolait face à leur chorégraphie, parfois un papillon ou une abeille s’intercalait dans la danse. Sereine, elle avait expliqué à sa famille que son père avait égaré son portefeuille en Grèce.

— Mais, tenez-vous bien, Joseph n’a jamais mis les pieds là-bas. Je suis fatiguée, je vais me requinquer ailleurs et j’irai voir de quoi il retourne car certains détails sont déroutants. Une photo en particulier.

À droite, son cousin roule une clope, le froissement du papier si fin qu’il en devient invisible lorsque humide. Il y a une semaine, elle en avait recouvert l’arête de son nez qui dégoulinait de sang. Le cliquetis des fourchettes, l’odeur du déjeuner chez elle, le clou de girofle planté dans l’oignon accompagné d’une feuille sèche de laurier, chez les voisins l’arôme qui signe la saison des asperges. Le printemps !

C’est l’heure du merle, il flûte haut dans le figuier, il siffle l’heure grave.Elle, paisible sous le store, le dos épousé par la trame ajourée du transat, des chevilles jusqu’aux cervicales… hormis cette légère douleur dans les pouces, l’arthrose héritée des aïeules. Bouger doucement les articulations, infliger une petite rotation avant d’huiler d’arnica et gaulthérie. Elle relâche la langue, libérant quelques grains de cannelle – l’odeur de la Grèce.

Aujourd’hui, c’est le départ, 08 avril, 15h50 de Marseille Provence, vol FR4286 mais, au dernier moment, vols annulés. Qu'à cela ne tienne, je vais le faire, ce voyage, à la manière de Zeus déguisé de terre en terre, de femme en femme. La route est splendide jusqu’à Marseille ‒ ciel et flots outremer. Autant la route que les airs, de Marseille au Pirée en traversant l’Italie, la Slovénie, la Croatie, la Bulgarie et la Grèce du nord au sud.

 

 

 

 

 

 

 

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