Ma soeur et moi rejoignions chaque année notre maison familiale à Palmeira au Portugal où nous nous installions pour l'été. Nous nous y rendions avec mes grands-parents en prenant l'avion. Voici nos péripéties d'enfants.
Mélissa Soares
Un itinéraire de tendresse
Tout commence à Palmeira où nous nous installions pour l'été avec ma soeur et mes grands-parents. De notre village, nous nous rendions à Braga et partions visiter les églises alentours. Le paysage au Nord du Portugal est principalement composé de grandes forêts et de montagnes. La végétation est très présente dans cette partie du pays. Les transports en commun sont nos alliés pour traverser ces beaux paysages.
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La maison familiale
La plupart de mes souvenirs proviennent de la maison familiale où ma soeur et moi avons passé une partie de notre enfance. Le jardin était notre terrain de jeu mais la forte chaleur nous imposait de nous réfugier à proximité du puits à l'ombre ou sous le grand figuier. Mes grands-parents ont fini par investir dans une grande piscine gonflable ce qui nous permettait de nous rafraîchir.
La maison familiale se trouvait dans le village de Palmeira. Ma grand-mère avait connaissance de tous les ragots du village qui étaient, pour la plupart, échangés au bar ou à la boulangerie. Une fois par semaine, le poissonnier passait dans le village en criant "Peixeiro" (poissonnier) pour nous alerter de sa présence. Ma grand-mère avait pour habitude d'acheter des sardines qu'elle faisait ensuite frire : nous raffolions tous de ce plat !
Nous nous sommes liées d'amitié, ma sœur et moi, avec notre voisin qui lui aussi se rendait chaque été chez sa grand-mère. Il n'y avait pas la barrière de la langue car lui aussi était français. Je me souviens qu'il m'agaçait par moments, le trouvant trop collant. Il m'a ensuite écrit une lettre en avouant être amoureux de moi ce qui a provoqué la fin de notre amitié car je n'étais pas intéressée.
J'ai aussi pu faire la connaissance de mes cousins et mes cousines portugais(e)s avec qui j'ai passé de très bons moments. Ils avaient pour habitude d'aller jouer au stade du village. Les jeunes passaient leur temps libre entre ce stade et le bar juste en face majoritairement fréquenté par les anciens. Ceux-ci étaient généralement assis à la terrasse en jouant aux cartes sirotant leur boisson.
Je me souviens aussi qu'il y avait des chiens errants : je les voyais souvent le soir fouiller dans les poubelles. Cela peut s'expliquer par le fait que la majorité des portugais prennent un chien lorsqu'ils emménagent dans une maison, pour avoir un chien de garde. La plupart des chiens aboyaient à tue tête lorsque nous marchions à proximité des habitations.
J'étais très heureuse de retrouver la maison familiale à chaque fin de journée. Le coucher du soleil se reflétait sur la façade, la rendant encore plus accueillante. Le palmier à l'avant de la maison était un rappel de ce bel endroit où nous nous trouvions : Palmeira.
Le palmier à l'avant de la maison était un rappel de ce bel endroit où nous nous trouvions : Palmeira.
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En route pour Braga
Je ne m'étais jamais intéressée à la carte de Braga car je n'étais qu'une enfant. C'est ma grand-mère qui s'occupait de la carte. Elle était la meilleure pour nous guider car elle avait toujours vécu dans cette région du Portugal. On allait en ville en bus. Ma grand-mère nous faisait sortir tous les jours, j'ai pu pleinement profiter de la grandeur de Braga. On s'y rendait pour faire les courses ou simplement se promener. Il faisait souvent très chaud et nous avions toujours le droit à une glace à l'italienne pour nous rafraichir.
On avait aussi la chance d'aller souvent au même restaurant où la nourriture était délicieuse. Je me souviens aussi qu'un des serveurs étaient sous le charme d'une cousine. J'associe énormément le Portugal à la bonne cuisine. Ma grand-mère insistait toujours pour que nous mangions en grande quantité ce que l'on réussissait à faire à l'époque. Mes grands-parents se souciaient toujours que l'on ne manquât de rien.
Les endroits que je préférais à Braga étaient l'énorme fontaine du centre-ville et la grande avenue composée de milliers de fleurs aux couleurs vives.
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Sanctuaire du Bom Jesus do Monte
La vie religieuse occupe une place importante au Portugal. On avait pour habitude d'aller à la messe chaque dimanche matin. Ma grand-mère préparait nos plus beaux vêtements pour aller à l'église. Nous allions souvent au Bom Jesus même en dehors des messes. Ce sanctuaire se situe sur la partie haute de Braga au bout d'un gigantesque escalier reliant le bas et le haut de la ville. De nombreuses personnes effectuent un pèlerinage pour s'y rendre : je sais que la plupart des membres de ma famille l'ont déjà fait.
Heureusement pour nous, il y avait une manière plus simple de s'y rendre : le funiculaire. Celui-ci était très vieux ce qui lui donnait un certain charme. Nous avions l'impression de partir à l'aventure à chaque fois que nous le prenions. Je me rappelle qu'il y avait beaucoup de végétation et que le chemin était très pentu.
Une fontaine avec de beaux poissons et un lac étaient à proximité de l'église. Pour nous rendre vers celui-ci, nous devions passer par un jardin, suivre un petit sentier dans une forêt et gravir des escaliers. Cette promenade (qui me semblait longue) en valait la peine car au bout se trouvait le lac où nous faisions du bateau à rames. Le paysage était beau : nous étions au milieu des arbres et les ponts avaient une architecture particulière 1. Les rambardes du pont avaient l'air d'être en bois. Elles étaient en réalité faites de ciment et imitaient le style rocaille pour se fondre dans le paysage.
Lorsque mes parents nous rejoignaient au Portugal en voiture, nous faisions aussi l'expérience de la "pente magique". La voiture remontait toute seule la pente au point mort. Je sais désormais qu'il s'agit d'un phénomène optique.
Les transports en communs sont un moyen de locomotion très utilisés au Portugal. Nous prenions toujours le bus avec ma sœur et ma grand-mère pour nous déplacer de ville en ville.
Le mode de vie au Portugal était différent de celui que nous connaissions en France. Là-bas, la population sortait et mangeait beaucoup plus à l'extérieur. Les bars étaient des endroits familiaux où l'on se posait pour déjeuner et boire son café. Il y avait beaucoup de personnes âgées et celles-ci adoptaient aussi ce mode de vie, contrairement à la France où les plus âgés sont peu dehors. L'utilisation quotidienne des transports en commun par les seniors portugais les rendait plus autonomes. Ma grand-mère en était le parfait exemple. Le fait que les villes soient aussi bien desservies par les transports en communs va de pair avec le mode de vie des portugais.
Soares Mélissa
Les péripéties du bus
A vec ma soeur et ma grand-mère nous nous rendions quasiment tous les jours à l'arrêt de bus de Palmeira. Il se trouvait à un peu moins de 10 minutes à pied de la maison familiale. Les habitants prenaient le bus à cet arrêt là car c'était le plus proche du village. Nous étions rarement seules à attendre. Ma grand-mère avait toujours quelqu'un avec qui discuter. Lorsque nous montions dans le bus nous disions "Bom dia" (bonjour) au chauffeur avant de nous asseoir sur les sièges. Nous nous rendions la plupart du temps à Braga où le trajet était rapide.
Deux à trois fois par semaine, nous rendions visite à de la famille dans la ville de Cabreiro. Le bus passait par plusieurs petits villages et empruntait une route qui passait sous des tunnels. Le soleil tapait fort sur le bus. Cabreiro était un village entouré de terres. Les champs étaient secs et poussiéreux. La nature souffrait sous l'assommante chaleur qui y régnait. Les trottoirs et les petites routes étaient pavés et lors de ce long trajet en direction de Cabreiro, le bus ne cessait de cahoter. Je n'en garde pas un très bon souvenir car c'était très fatiguant.
Le funiculaire
Le funiculaire était un mode de transport que l'on retrouvait dans plusieurs villes du pays notamment à Lisbonne, Porto ou encore Braga. Ce mode de transport reposait sur « une remontée mécanique équipée de véhicules circulant sur des rails en pente et dont la traction est assurée par un câble pour s'affranchir de la déclivité du terrain » 1. J'ai eu l'occasion de prendre les funiculaires de Lisbonne et de Braga.
Lisbonne dispose de trois différents funiculaires : Glória, Bica et Lavra. Ils permettent de relier la ville du bas avec la ville du haut. Le funiculaire de Lavra est le plus ancien de la capitale avec 125 ans d'existence. Il a la particularité de circuler sur la voie publique. L'intérieur du funiculaire est fait de bois. La couleur jaune du funiculaire est en adéquation avec la ville colorée et joyeuse. L'espace à l'intérieur, assez petit, fait que nous étions à l'étroit avec les autres usagers. Cela n'était pas dérangeant comparé à l'expérience que nous offrait le funiculaire : nous faire passer dans de petites ruelles très représentatives de la capitale.
Le funiculaire de Braga sert à lier le bas de la ville au sanctuaire de Bom Jesus do Monte se situant dans les hauteurs. Il est nécessaire de prendre un peu de hauteur pour accéder à sont point de départ car il ne se situe pas dans la basse ville. Pour cela nous prenions toujours un bus avec ma grand-mère et ma sœur. Il est le plus ancien funiculaire de la péninsule ibérique et a la particularité de fonctionner à l'eau et non à l'électricité 2. Le véhicule, toujours en bois est divisé en plusieurs rangées de bancs : il est obligatoire de s'asseoir car le chemin est abrupt.
Braga, la ville à proximité de Palmeira, ne dispose pas de tramway c'est pourquoi je ne l'ai pas énormément pris au Portugal. J'ai eu l'occasion de le prendre seulement lors de mon séjour à Lisbonne avec ma famille.
L'apparence du tramway de la capitale n'est pas sans rappeler celle de ses funiculaires : la même couleur jaune est utilisée et leurs configurations sont similaires. Lisbonne a conservé d'anciens tramways pour certains quartiers comme celui de l'Alfama où les rues sont étroites et sinueuses1. La longueur des tramways d'aujourd'hui n'est pas adaptée à ces lieux. On trouve des tramways modernes seulement dans les zones plates de la ville. Les anciens tramways, par leur petite taille, permettent de circuler en prenant les virages sans difficulté et sans endommager les bâtiments.
Prendre le tramway de Lisbonne était un plaisir, cela participait au charme de la ville. Son apparence ancienne et colorée me donnait l'impression de partir à l'aventure. Je me souviens qu'il passait par les plus beaux endroits de la ville et qu'il était facile d'accès.