Liste des récits - Collectif A3
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Le Festivalet
Récit lié : Auvergne
Comment marquer sur une carte un petit festival vagabond, le Festivalet ? Je l'ai connu à Brioude, puis à Blesle ; en 2022, il s'est posé à Chilhac, un village de caractère dont on a déjà beaucoup parlé... mais qui mérite que l'on parle encore de lui !
Le Festivalet, c'est un WE organisé par Les Tisseurs de mots et consacré à l'écriture, c'est une abondance d'ateliers, c'est la rencontre de personnes qui écrivent peu ou prou, et qui aiment ça, c'est l'écoute bienveillante... Et puis, c'est la fête ! Et on aime ça !
Cette année, le thème était l'illusion. Alors, on s'est raconté des histoires !
La beauté du monde
Si près, si près… approchée
Fraîcheur de l’eau
Douceur de l’air
Nuées ardentes Laves en fusion
Chairs déchiquetées Hurlements
Bombardements indistincts
Courir Fuir S’éveiller
Ithaque à jamais en-allée.
La gloire de l’humanité
Si rayonnante… approchée
Richesse du partage
Chaleur des amours
Un petit gravier
Corps violés, décapités, mutilés
Sanglots sanglots par milliers
Crier Hurler S’éveiller
Ithaque à jamais en-allée.
Aline
C'est notre amie Babeth qui ouvre magistralement le bal pour ces deux jours sous le sceau de l'Illusion par un atelier d'écriture très inspirant qui invite à l'écriture automatique.
Après la découverte du phénomène des "fata morgana" (par ailleurs nom latin de la Fée Morgane) - ces illusions d'optiques observées partout dans le monde et qui donnent à voir un bateau voguant dans le ciel - voici ce qu'ont soufflé les mots, un souffle tout droit venu d'Afrique.
Méditation FA
Chaque matin quand filtre de l'ombre des fragments de lumière, telle la Fée Morgane, tu files le vrai du faux. Éclaire ce qui dans les rêves a semblé et tremblé à l'unisson...
Abolies les frontières du réel accompli, quand surgit l'adversaire, ses illusions d'optique, trompe l’œil des évidences, toi Gardienne du Temple, par tes opérations subtiles, tu soulèves les masques et l'écorce du monde.
Caméléon de l'invisible, tu décèles la Trame, la Ligne pure. A l'écoute des chants polyphoniques - chœurs d'anges et d'oiseaux lyre - tu te laisses guider vers le passage, moment adéquat pour la traversée du miroir dans lequel se reflète l'âme du monde.
Alors dans le blanc temps de cette aube nouvelle, tu lances les cauris. FA - FATA - FATUM
"Aujourd'hui sera sous le signe de Tula. Alafia, le monde est prometteur !", dis-tu. Et le monde sourit.
Christine
Et dans ce Festivalet, les habitants participent à l'accueil des "écrivants" : pour les ateliers, ils prêtent leur belle terrasse ombragée ou leur jardin qui domine les orgues basaltiques et le ruban frais de l'Allier.
Loin de la poésie et du merveilleux des paysages, certaines voient des menaces.
Effroyables Paysages
Je tiens les orgues basaltiques pour une réalité géologique détestable car elles parlent des roches dans un sabir inconnu du commun. C’est vrai, je n’y comprends rien. J’ai perdu le compte des poussées verticales, des torsions, des plissements, des failles. Je suis perdue entre les basaltes, la diorite, les granites qui ondulent en synclinaux et anticlinaux mais qui sont, en fait, un mirage inquiétant aussi abstrait qu’un tableau de Soulages. L’orgue charrie des mots graves, obscurs, inconnus, c’est un monstre qui n’a qu’une idée, nous perdre.
A la marge de l’orgue coule l’Allier, grise, silencieuse, sa masse compacte avance, la scélérate. Une illusion de fraternité rafraîchissante mais qui est, en fait, un mirage glacé et tourbillonnant, propre à faire disparaitre les audacieux.
Les paysages qui inspirent les poètes et les peintres sont une illusion. Allons-nous ouvrir enfin les yeux et réaliser dans quels abimes et quelle perplexité ils nous engloutissent ?
Josiane
Et moi, quelle chance ! J'ai écrit en m'immergeant dans l'exposition d'Isabelle Marcelin, invitée à présenter son travail dans la Tour du village. En me servant honteusement des titres de ses œuvres !
Fragments d’apparitions
« Nous sommes là » à l’écriture. Le ciel existe sans nous. Pas grave, il est bleu uniforme. Je reviendrai un jour d’orage.
Boite magique, boite noire, les arbres têtes en bas derrière les montants de la fenêtre, mystérieuse vision troublée.
« Hybrides », fins et légers à l’encre rouge ou noire, anonymes, incertains. A notre image ? On est tous des hybrides.
Des perles pour habiller la baie vitrée, des motifs répétés, à l’encre sur des feuilles de papier végétal, une harmonie de formes apaisantes, filtrantes pour dompter la lumière crue du dehors et nous pousser en douceur vers la table des livres.
Des taches aléatoires, le hasard compte sur le travail de l’eau pour habiter le papier chiffon. Formes infinies, arrondies, douces et bourgeonnantes, tantôt claires puis foncées aux marges, le lieu où se récupère le pigment et le sel de la vie aussi.
Ces taches unies sur le mur par des liens homogènes, formant un patchwork d’illusion qui dialogue secrètement avec les pierres de basalte.
Le bateau s’échoue sur la plage de galets qui l’engloutissent aussitôt, ce qu’on voit n’est qu’une apparition, l’illusion d’un bateau maudit.
Josiane
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