Le Rendez-vous du Carnet de voyage de Clermont-Ferrand réunit tous les ans, une centaine de carnettistes français et étrangers. "De l’aquarelle à la bande dessinée, du carnet traditionnel aux carnets numériques et sonores, tous les styles sont représentés, faisant du Rendez-vous clermontois la plus grande manifestation du genre et un moment unique de découverte et de partage."

A côté de l'exposition des carnets des artistes, il y a des rencontres avec des écrivains-voyageurs, des débats, des projections de films... et des ateliers animés par des carnettistes, ateliers auxquels nous participons régulièrement !

Vraiment il s'en passe de belles choses en Auvergne !! Le Rendez-vous du Carnet de voyage est un moment extraordinaire pour moi qui ai découvert depuis peu qu'on pouvait s'exprimer par des croquis et des petits textes. Les carnets de voyage, les carnets de vie, les carnets d'émotion et même les carnets de cure etc... Pas besoin d'être une vraie peintre ou une grande écrivaine pour dire ce qu'on éprouve, trop bien !!!

L'atelier n°9, cette année-là s'intitulait : " Pensez vous comme une Terre Incognita à vous-même". Voilà le résultat de ma participation!!!

L’atelier n°9

« Pensez vous comme une terre inconnue à vous-même ».
Je fonce, je m’inscris à l’atelier de Stefano Faravelli. Je n’aurais pas dû. Faut dire que l’idée « de la terre inconnue » m’a séduite. Un rêve a titillé mon tempérament aventureux. Je me suis vue sur une île déserte. Magellan, Vasco de Gamma ont surgi.
Mais, « à vous-même » aurait dû m’alerter. Et non, j’ai foncé. Je n’ai pas mesuré qu’il faudrait parler de soi-même. Et en plus graphiquement, avec des traits, des couleurs.
Tout ça en une heure trente, et devant tous les autres !!! Un désastre, je ne peux pas m’enfuir, ça ne se fait pas !!
Alors crânement je sors ma boite d’aquarelle, je pose deux couleurs, du rouge et du noir en forme de pin maritime. Quand je panique, je dessine un pin maritime. Allez savoir pourquoi ?
Le rouge pour la colère que je porte en moi depuis l’enfance contre l’injustice et la pauvreté. Le noir pour le deuil, en mémoire des amours trop tôt disparues, des illusions perdues. Et après ? Au stylo je trace des tours, des immeubles, un triste paysage urbain traversé par une foule fantomatique qui marche en cortège. L’évocation des efforts entrepris pour changer la vie, sans succès ? Puis je reprends les couleurs. Je fais plusieurs à-plats rouges. Des livres ? Des journaux ? Je ne peux pas vivre sans eux.
Des couleurs vives éclairent mon arbre, les jours heureux, mes enfants, mes petits enfants, mon bonheur.
J’en étais là de mon délire quand Stefano déclare tout sourire l’atelier terminé. Il fait le tour des tables pour traduire tout haut ce qu’il voit sur les pages de chaque stagiaire. Le travail de mon amie Aline est remarqué. Elle donne avec aisance les clés de sa Terra Incognita. Elle est applaudie par tous. Quand il arrive devant ma feuille, Stefano ne peut pas bredouiller plus de trois mots tant ma production est insipide.
Le soir même je repense à l’atelier. Pourquoi je ne peux pas évoquer ma vie simplement ? Pourquoi ma gorge se noue quand je dois parler de moi ?
Je saisis les ciseaux, je sépare chaque élément de ma composition. J’introduis un à-plat noir fissuré. Je colle en superposant les éléments en couche.
Voila, ma Terra Incognita c’est ça. Des strates empilées, malmenées par les soubresauts de forces que je ne maitrise pas. Des synclinaux et anticlinaux sauvages que je refuse, au fond, d'analyser.

Josiane

Les ateliers du Rendez des carnets de voyage, c'est une mine d'inspiration. Cette année là, j'ai suivi celui de Catherine Sintes intitulé Découpages Collages. Alors là, vive la débauche : des tissus, des citations, des dessins découpés tout ça agencé librement, je me régale!!

Je m'étais inscrite très tôt pour être certaine d'avoir une place dans son atelier, Vivi Navarro, une carnettiste qui a pignon sur rue à Sète, une passionnée de dessins tramés sur le thème de la mer et de l'aviation, une aventurière des temps modernes. Savoir tramer c'est donner du volume avec des traits...et c'est tout, répète-t-elle. Donc, on a hachuré...c'est difficile...faudrait s'entrainer tous les jours....

Pendant ce temps, Kris a participé à un atelier de collage original où l'idée est d'utiliser des papiers de toutes sortes afin d'obtenir des volumes. Inspiration de circonstance au rendez-vous des carnettistes voyageurs. Une pensée de compassion pour ces voyageurs "migrants" qui risquent leur vie pour rejoindre l'Europe. Un hommage à ces véritables héros des temps modernes.