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usqu’à la Révolution française de 1789, seuls les enfants des familles riches avaient accès à l’enseignement, qui était payant, religieux et réservé aux garçons.

L’éducation de la jeunesse devient une affaire d’Etat, contre l’Eglise dominante, et le ministère de l’Instruction publique est créé en 1828. La Loi Guizot du 28 juin 1833, du nom du célèbre nîmois, fait de l’école un lieu public, comme la mairie. L’Etat prend en charge l’enseignement primaire dans chaque commune, la création d'une Ecole normale dans chaque département pour la formation des instituteurs et la construction des écoles sur la base de plans-type conçus par l’architecte Auguste Bouillon.

L’histoire de l’enseignement primaire connaît un bouleversement majeur dans les années 1880. Il devient ouvert à toutes et tous, filles comme garçons, pauvres comme riches, croyants comme non croyants, ruraux comme citadins…l’Ecole de la République est née et son enseignement sera patriotique car une Nation forte suppose des citoyens instruits !

Jules Ferry, ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts est à l’origine de cette « révolution » de l’éducation. Les lois de 1881 et 1882 qui portent son nom, rendent l’école primaire gratuite et laïque, et l’enseignement est obligatoire de six à treize ans.

Pour affirmer la place centrale de l’école dans la cité, elle doit se distinguer des autres bâtiments publics. Le Règlement pour la construction et l’ameublement des maisons d’école de 1880 va définir l’architecture du bâtiment scolaire, qui doit être fonctionnel, reconnaissable et confortable.

Surfaces et hauteurs sous plafonds minimum, aspect architectural simple mais élégant, nombreuses fenêtres pour amener la lumière et l’air…et un maximum de 48 élèves par classe !

Après la deuxième guerre mondiale (1939-1945), la forte augmentation démographique nécessite de nombreuses écoles. Il faut construire vite et à faible coût, ce que permet la généralisation du préfabriqué et du béton. Les programmes architecturaux types entraînent standardisation et monotonie.

Avec mai 1968, les écoles deviennent mixtes et doivent être des lieux d’épanouissement. L’école de quartier apparaît, née de réflexions conjointes entre enseignants, pédagogues et architectes.

L’architecture doit éveiller l’enfant et favoriser les échanges avec l’extérieur par la création d’espaces partagés.

Cette mixité d’usages est affirmée dans les années 1980 et est à nouveau d’actualité de nos jours avec une prise en compte forte des problématiques environnementales.

Comprendre les évolutions de l’architecture a été un des enjeux de cette première séance du projet Archi Pitchoun. Après avoir participé à une visite d’initiation au vocabulaire architectural par la comparaison de la Maison Carrée et Carré d’Art, les élèves ont découvert  les différents matériaux, formes et techniques de construction utilisés à travers les âges et selon les usages.  Cela a permis d’éveiller leur intérêt pour le métier d’architecte, celui que les grecs nommaient ἀρχιτεϰτων (architeckton : maître des charpentiers).

En observant ces monuments et en crayonnant sur leurs carnets de bord, ils sont devenus eux-mêmes architectes…le temps de quelques croquis !

Après cette introduction, les enfants ont pris un peu de hauteur. Ils ont commenté des images aériennes et des plans de la ville de Nîmes et de leur quartier, autour de l’école.

Comment les rues qu’ils empruntent tous les jours, les habitations, les jardins composent la trame urbaine et façonnent l’image de la cité ?

Grâce à un simple calque posé sur un plan cadastral, en coloriant soit les rues et chemins, soit les parcelles d’habitations, ils ont pu recréer le tissu urbain et se rendre compte que la densité n’est pas partout la même selon les différents quartiers de la Ville.

Ce que les enfants en ont dit...

Avant les Arènes c'est la préhistoire et les hommes vivaient dans des grottes donc il n'y avait pas d'architecte.

Quand un monument est construit avec de la pierre c'est qu'il est vieux car maintenant on utilise du béton, du métal ou du verre, comme à Carré d'Art.

Quand on construit, il faut mettre les plus grosses pierres en bas pour que ce soit bien solide.

Sur le plan on dirait qu'il y a plein de vides et des jardins à la ZUP mais en vrai il y a beaucoup d'immeubles.

En ville les écoles ont l'air coincées avec des constructions partout.

Lors de cette séance, chaque classe a pu découvrir l’école partenaire…mais également la sienne. Ces explorations ont permis aux élèves de comprendre ce qui est différent et semblable dans chacune des écoles, parfois construites à plus de 120 ans d’écart !

En observant les façades, l’organisation des espaces communs (couloirs, cours, préaux) et des salles de classe, les enfants ont pris conscience de l’évolution de l’architecture scolaire à travers les époques.

A l’aide d’une grille d’analyse, ils ont observé, mesuré, comparé les différents éléments architecturaux et décoratifs de chaque école.

A travers l’histoire des lieux, ils ont compris l’évolution des principes éducatifs et sociaux. De l’école ancienne, de filles ou de garçons, aux bâtiments construits autour de cours préservées, avec des logements de fonction pour les directeurs, à l’école de quartier proposant en son sein bibliothèque, gymnase, espaces ouverts aux habitants et donnant sur des extérieurs aérés.

Des approches à la fois différentes et similaires, visant les mêmes objectifs : améliorer les conditions d’éducation, donner envie aux enfants d’apprendre et former les citoyens de demain.

Ce que les enfants en ont dit...

Dans les écoles plus neuves, les cours sont plus grandes et on voit la nature autour mais il y a moins d'arbres dans les cours alors que dans les vieilles écoles il y a de gros arbres qui font de l'ombre.

On a l'impression que les cours sont ouvertes et que tout le monde peut y entrer, ça fait peur. C'est mieux quand on ne voit pas les enfants, on est plus protégés. Il y a des arbres partout autour, c'est génial. Nous on voit rien depuis nos cours.

Au moins dans les vieilles écoles il y a des préaux et on peut jouer dessous quand il pleut.

C'est bien les grands halls, sans couloir, comme ça tout le monde peut se voir.

Les écoles neuves, on dirait pas des écoles. Ça ressemble à des bateaux ou des collèges de dehors.

Avec tous ces escaliers, les enfants en fauteuil roulant ne peuvent pas aller à l'école comme les autres et c'est pas bien.

Pour cette séance, des bâtiments modernes et des projets urbains innovants, alliant originalité esthétique et défis climatiques, ont été présentés aux élèves. A partir de ces images, ils ont été amenés à réagir sur des problématiques architecturales et environnementales actuelles mais aussi à « libérer » leur imaginaire ! Commenter ces différents types de constructions leur a permis de se projeter sur les usages et besoins de leur propre école ou quartier.

L’objectif final de ces séances est de permettre aux élèves de concevoir, par groupe, un projet d’école idéale ou de quartier idéal, tels de petits architectes !

Après avoir écrit leurs cahiers des charges, les enfants ont mis en couleurs ou en volumes leurs attentes. Ces réalisations illustrent ce qu’ils ont compris lors de ces ateliers et visites en termes d’organisation des espaces et bâtiments pour faciliter les usages, d’aménagements pour améliorer leur cadre de vie, de préservation de l’environnement et d’utilisation de ressources renouvelables…

Certains ont travaillé à partir de photos en noir et blanc de leur école (façades, cours…) qu’ils ont réinterprétée, végétalisée, imaginée…et surtout colorée.

D’autres ont créé des maquettes pour exprimer leurs idées à l’échelle de quartiers réinventés où les espaces verts, les équipements culturels, sportifs et de loisirs…et les écoles composent de nouveaux paysages urbains.