Laisse filer les mots
Recueil réalisé lors du stage "Tissages et Écritures" organisé par l'association Tisseurs de Mots et animé par Isabelle Jannot et Hélène Fraysse (Chilhac, avril 2023).
Donnez moi du vide, j'en ferai du plein.
Donnez-moi du plein, j'en ferai du vide (Aline)
Mantra pour la Vie
Vivre
Entre les fils de chaîne
Des cloisons qui oppriment
Entre les trop hauts et les très bas
Vivre, malgré l’effroi
vedi vidi vicci
veda vaudou rêverie
Tisser son récit à la soie des instants
Vivre au fil des rencontres
Coton des souvenirs
Vivre à la cadence du cœur
Qui bondit rebondit
Vivre
vedi vidi vicci
veda vaudou rêverie
Vivre
Dans toutes les dimensions dans toutes les directions
Femme libre aux racines vagabondes
Au travers des dentelles
Entrevoir ces espaces
Intimes infimes infinis
Laisser grandir le jour
Laisser pousser ses ailes
Vivre
vedi vidi vicci
veda vaudou rêverie
Méditation soufie
Il … il y a quelque chose de cette sorte de chose qu’on ne nomme pas ou bien à peine en une esquisse
Quelque chose qui peine à s’exprimer sauf par des détours des circonvolutions
Souffle léger plein vide délié
Il … il y a quelque chose de profond et d’incommensurable qui s’élance et qui danse respire ses vibrations un vertige un élan une promesse une espérance
Pourtant tout encore immobile tout encore incertain
telle une brume d’aube un temps en suspension que le silence s’étire, un néant
Il… il y a
Certaines notes d’effroi qui creusent au fond de toi les sillons de l'absence
qui quand où pourquoi suis-je ? D’ailleurs, suis-je vraiment ?
Il y a l’inlassable répétition des jours et des secondes rythme cardiaque cadence obsession artères veines vaisseaux flux reflux marées de sang circulation
Il y a l’illusion des parois peau du corps et corps d’eau lymphes plasma bordures et centres dilués rien ne veut plus rien dire dans cette confusion les dimensions s’estompent dedans dehors des territoires instables vaporeux
Il y a ces miettes d’impressions ces mémoires parasites
Il y a la Conscience et sa dissolution
goutte à goutte inlassable temps et contre temps dans la grotte du soi
Il y a ces torrents qui se pressent ces digues qui se dressent et qui parfois s’écroulent face au ressac des évènements heurtent le roc des sentiments
Il y a les larmes laisse couler les larmes jaillies du bord de soi traversées rives en rives laisse couler les larmes
jusqu’à cet orgue de basalte au-dessus du volcan
jusqu’à ce lac de calme un matin de printemps
jusqu’à ce renouveau
oscillation subtile du métier de la vie qui tisse un à un tous les fils de soi
touches infimes vibrations délicates - cycles pendules - tictac - accroche le temps qui passe - l’espace se dilue - inlassable tictac - et tu traverses à gué les circonstances - et tu chemines au gré des instants et des mots
Parfois instant de Grâce le moment très précieux de l’Absorption
Vitraux de soie tendue sur le ciel rouge visions d’opalescence point focal situé juste au-dessus de la ligne de flottaison des sens rythmes incantations oiseau serpent lovés immobiles le chant des femmes poissons qui tissent leurs cheveux d’ange celles-ci filent patientes la trame d'un Monde nouveau en gestation
Alors le Silence signe de ponctuation défie les solitudes les chaos
quelle que soit la saison quelle que soit la raison une paix onctueuse te rassemble en toi-même écho traversé d'harmoniques joie subtile délivrance
Il… il y a ce Tout qui te ressemble et tremble au travers des rideaux d’apparences
Fugue en cette pensée spirale tu te sais verticale
Fugue en cette conscience nouvelle deviens la vigilance
Au passage des souvenirs perlent sur la crête de l’âme
un Chant a surgi le Verbe, parole sèche, t’émeut à gros bouillons
Il… il y a la Poésie du monde le Témoin le Principe divin le fabuleux Mystère de la Vie dans la vie
il y a tout Cela qui unit initie pacifie
il y a IL il y a LUI Huwa Hu
Lignes de ciel
Léger vertige étape de confusion entre dehors et dedans
Veines d’eau et de plasma retenues au calme du printemps
Tic-tac d’un temps dilué chaos dans le silence
Fugue des souvenirs sur la crête de l’âme
Un chant s’échappe dans le silence
Circonvolution danse de l’intérieur flux reflux
Dans l’illusion du corps peau
Ressac d’émotions dissolution Absorption
Ligne de flottaison la Vie immobile
Tisse le support d’une pensée verticale
Tout fond en soi Tout profond
De quelques éclats de mots et de silence
Au matin, elle tisse des métaphores sur les fils de chaîne de son imaginaire. Un maillage serré de rêves et d’images mêlés entremêlés et qui s’emmêlent à l’infini
Encore beaucoup de mal avec les finitions et les nœuds …
Au soir, le motif révèle enfin un brin de sens. Dans une langue épurée, vidée des évidences, surgit une parole sèche, éclat dans le silence.
Elle sait maintenant que la bobine des fils invisibles est la seule qui puisse traduire, un peu de la trame du monde.