Laisse filer les mots
"Donnez moi du vide, j'en ferai du plein.
Donnez-moi du plein, j'en ferai du vide" (Aline)
Recueil réalisé dans le cadre du stage "Tissages et Écritures" organisé par les Tisseurs de Mots (Chilhac, avril 2023).
Textes : Christine F.
Mantra pour la Vie
Exploration du rythme – répétition alternance symétrie progression litanie incantation
Vivre
Entre les fils de chaîne
Des cloisons qui oppriment
Entre les hauts et les très bas
Vivre, malgré l’effroi
vedi vidi vicci
veda vaudou rêverie
Tisser son récit à la soie des instants
Vivre au fil des rencontres
Coton des souvenirs
Vivre à la cadence du cœur
Qui bondit rebondit
Vivre
vedi vidi vicci
veda vaudou rêverie
Vivre
Dans toutes les dimensions dans toutes les directions
Femme libre aux racines vagabondes
Au travers des dentelles
Entrevoir ces espaces
Intimes infimes infinis
Laisser grandir le jour
Laisser pousser ses ailes
Vivre
vedi vidi vicci
veda vaudou rêverie
Méditation d'inspiration soufie
Exploration de l’arythmie - courbes et arabesques jusqu’à l’épuisement du rythme
Il … il y a quelque chose De cette sorte de chose qu’on ne nomme pas ou bien à peine en une esquisse
Quelque chose qui peine à s’exprimer sauf par des détours des circonvolutions
Souffle léger plein vide délié
Il … il y a quelque chose de profond d’incommensurable et qui s’élance et danse respire ses vibrations un vertige un élan une promesse une espérance
Pourtant tout immobile tout encore incertain
telle une brume d’aube un temps en suspension pendant que le silence s’étire sur le néant
Il… il y a
Certaines notes d’effroi elles creusent dans les sillons d'absence qui quand où pourquoi suis-je ? D’ailleurs suis-je vraiment ?
Il y a l’inlassable répétition des jours et des secondes rythme cardiaque cadence obsession artères veines vaisseaux flux reflux marées de sang circulation
Il y a l’illusion des parois corps de peau corps d’eau lymphes plasma bordures et centres dilués rien ne veut plus rien dire dans cette confusion les dimensions s’estompent dedans dehors des territoires instables vaporeux
Il y a ces miettes d’impressions ces mémoires parasites il y a cette Conscience et cette dissolution
goutte à goutte inlassable des temps et contre temps dans la grotte de soi
Il y a ces torrents et ces digues dressées pressées et qui parfois s’écroulent face au ressac des évènements
heurté le roc des sentiments heurté
les larmes laisse couler les larmes jaillies du bord de soi traversées rives en rives laisse couler les larmes
jusqu’à cet orgue de basalte dressé debout au-dessus du volcan
jusqu’à ce lac de calme un matin de printemps
jusqu’à ce renouveau oscillation subtile du métier de la vie qui tisse les fils de soi
oscille oscille - infimes touches vibrations - cycles pendules - tictac - accroches du temps qui passe - tictac - approche - l’espace dilue - inlassable tictac - tu traverses à gué la vie chemines au gré des circonstances
Parfois instant de Grâce ce moment très précieux l’Absorption
Vitraux de soie tendue sur le ciel rouge visions d’opalescence point focal situé là juste au-dessus de la ligne de flottaison du sens rythmes incantations oiseau serpent lovés immobiles le chant des femmes poissons qui tissent leurs cheveux d’ange celles-ci filent patientes la trame d'un Monde toujours en gestation
Alors le Silence ponctuation défie les solitudes les chaos
quelle que soit la saison une paix très onctueuse te rassemble en toi-même écho traversé d'harmoniques Joie subtile délivrance
Il… il y a ce Tout qui te ressemble et tremble au travers des rideaux d’apparences
Fugue en cette pensée spirale se savoir vertical
Fugue en cette conscience nouvelle cette vigilance
Au passage des souvenirs des perles sur la crête de l’âme
un Chant a surgi le Verbe, parole sèche t’émeut à gros bouillons
Il… il y a la Poésie du monde le Témoin le Principe divin le fabuleux Mystère de la Vie dans la vie
il y a tout Cela qui unit initie pacifie
il y a IL il y a LUI Hu Huwa Hu
Lignes de ciel
Caviardage : Ajourer évider aller à l’essentiel. Faire surgir le mot et son miroitement
Léger vertige étape de confusion entre dehors et dedans
Veines d’eau et de plasma retenues au calme du printemps
Tic-tac d’un temps dilué chaos dans le silence
Fugue des souvenirs sur la crête de l’âme
Un chant s’échappe dans le silence
Circonvolution danse de l’intérieur flux reflux
Dans l’illusion du corps peau
Ressac d’émotions dissolution Absorption
Ligne de flottaison la Vie immobile
Tisse le support d’une pensée verticale
Tout fond en soi Tout profond
De quelques éclats de mots et de silence
Au matin, elle tisse des métaphores sur les fils de chaîne de son imaginaire. Un maillage serré de rêves et d’images mêlés entremêlés et qui s’emmêlent à l’infini
Encore beaucoup de mal avec les finitions et les nœuds …
Au soir, le motif révèle enfin un brin de sens. Dans une langue épurée, vidée des évidences, surgit une parole sèche, éclat dans le silence.
Elle sait désormais que la bobine de fils invisibles est la seule qui puisse traduire, un peu de la trame du monde.