On ira pas plus loin me dit Aline, je suis éreintée. Nous sommes sur la première terrasse du jardin de l'Abbaye. Une vue exceptionnelle sur la grande sœur au delà du fleuve et sur l'alignement des arbres qui longent ce géant et le masque à nos regards. Au lointain, les Alpilles, les monts du Vaucluse, le Lubéron et un autre géant qui sort de la brume, le Mont Ventoux.
Un banc de pierre au pied d'un pin à pignon, couché par le vent du nord dominant nous offre une ombre salutaire. Il fait chaud encore en ce mois d'octobre. Les branches basses du pin nous isolent du monde. On va écrire là, en secret, en silence, une page personnelle pour garder une trace de la paix qui nous habite. C'est un moment unique. Les promeneurs qui longent la terrasse ne nous voient pas, nous, au comble de l'indiscrétion nous happons des bribes de discutions, nous entrons dans leur intimité par effraction. Même pas honte!
Nos textes écrits en secret :
 
Aline : Les promeneurs au bord de la terrasse 
Les promeneurs au bord de la terrasse dissèquent le paysage : au loin – disent-ils – les Alpilles, le Mont Ventoux et les Dentelles de Montmirail ; plus près, le Palais des papes, la Tour Philippe le Bel et un bras du Rhône. Sans doute a-t-elle vu tout cela.
Depuis longtemps elle se tient en retrait, sous l’ombrelle d’un pin plié jusqu’à terre par le mistral. Eloignée des regards inquisiteurs, elle observe dans les trouées des branchages, la forêt d’où émergent un clocher ou une tour, le ciel que traverse un cyprès. Le monde se dérobe en mille fragments.
Elle ressent la brûlure du soleil et la fraicheur de l’ombre, le calme apparent du lieu et la violence de l’époque.
Elle a retrouvé ici son vieux fantasme : voir sans être vue. Mais elle n’en sort pas indemne. Elle oscille et vacille à perdre la tête et la raison. Pourtant toute sa vie, elle a cherché l’unité
Josiane : Comme une fratrie dans le jardin de l’abbaye
Le soleil chauffe nos trois dos, une irradiation bienveillante passe par les nuques penchées sur l’écritoire, il effleure les épaules arrondies par le plaisir, en inondant les lombaires détendues et hospitalières, épanouies comme les prés verts de la plaine de l’Abbaye qui s’étend jusqu’au Rhône.
Nous sommes dans ce jardin pour longtemps. L’âne braye, l’ULM sillonne le ciel, les ouvriers montent un mur, mais les bruits sont sourds à nos oreilles, la paix nous habite, elle monte de chaque taillis, des massifs fleuris d’automne, l’autre printemps.
Nous sommes dans ce jardin pour longtemps. Car, même brève, la halte est bienfaitrice dans cet été finissant, un cruel été d’enfermement au monde. Douloureuse cassure où il faut vivre la grande rupture du fil normal de la vie où nous devenons les parents de nos parents. Une fissure dans un temps privé de nous-mêmes que la visite au jardin soigne un peu.
Des couples de promeneurs sillonnent le jardin, plan en mains, nous ne les voyons pas. Résonne en nous le temps, lointain maintenant, où unis comme les cinq doigts de la main nous parcourions les sentiers autour du cabanon en quête de bois sec pour le feu de la soirée. Ces promenades d’automne étaient nos préférées, sans cartes ni plans au risque de se perdre, en espérant se perdre un peu pour regarder la mer au loin et à perte de vue le vert sombre des collines de chênes kermès avec leurs écobuages tranquilles. On se disait à mi-voix notre chance de vivre l’automne et son temps calme, cette parenthèse avant l’hiver, celle où les fumées montent si droites, sans vaciller, dans l’air immobile et tiède encore.
Ce matin, le jardin de l’Abbaye nous console de ce temps révolu, de notre désarroi. Comme en apesanteur, nous vivons intensément ce moment en nous imprégnant de chaque odeur. Celle, subtile, du romarin en fleur qui se mélange à la puissante fragrance miellée des corbeilles d’argent. Quelques pignes « mûres » tombent des pins surchauffés en laissant échapper des pignons et des élytres légers. Je les cueille, je regarde mes mains salies de leur poudre noire, la réalité surgit, la fratrie s’évapore et les visions de l’enfance aussi !Je suis seule dans le jardin de l’abbaye.
Christine, elle, a fusé le plus loin possible de la première terrasse, on l'a vite perdu de vue car elle galope sur un sentier sauvage dont le trajet nous sera toujours mystérieux
Assise en haut de l’escalier qui mène à la chapelle Sainte Cesaria. Des bruits de pas sur le gravillon, le bourdonnement d’une abeille, des frôlements dans le silence. En général, les promeneurs ne s’attardent pas, seulement une courte halte à la chapelle ; certains, sans doute, se laissent émouvoir…
Aligner sa présence. Frôler du bout des ailes l’instant fragile, mais puissant. Faire cesser les tourbillons de mots vains, les illusions, papillon agité de pensées intranquilles.
Au-dessus de l’oliveraie, contempler l’herbe fraîche, le tordu des branches, l’oscillation lente des cimes caressées par la brise. A l’arrière-plan, la futaie phallique d’une rangée de cyprès s’élance vers le ciel immobile. La percée sera lente, la paresse infinie du lézard au soleil indique le chemin : faire un avec les murs, les vitres, les grilles ; traverser l’apparente quiétude, s’ériger en statue, vivante, vibrante, écrivante…
Nous, poètes des instants suspendus, devrons creuser bien loin pour cueillir l’innocence, cadeau d’humanité. Car que sait-on de ces vies minuscules – fourmis, papillons, mélodie des pinsons – et de celle de cet homme-là, surgi debout sur le toit en pente ? Que sait-on des mousses sur ce tronc vermoulu, de la coquille spirale d’un escargot ancien, de ces failles creusées dans les murs de l’histoire ? Que sait-on des pierres en équilibre précaire, des troncs pliés par les hivers violents ? Que sait-on vraiment hors ces moments précieux, l’enchantement d’un rien, d’un presque tout, du fait d’être vivant ?
On oubliera sans doute les événements, les fictions, les chansons qui composent une vie mais pas ces instants subtils qui vibrent au diapason du monde ; pas cet arc en ciel, coloriant un brouillard ou le creux du désert ; pas ces rais de lumière bariolant une clairière, valse de papillons comme couronne d’éther ; pas cette aube sonore, chant du monde qui s’éveille et rappelle à nos cœurs endormis l’importance du cycle, de l’effeuillement, du suspens ; l’infinie variété des possibles ; l’agonie, la mue et les métamorphoses ; la patience, l’observation, l’élan dans le silence des tombes antiques, le chant… Fuerza sagrada, Fuerza de la Vida
		
	 
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